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AURELIEN COLLIN






THE AMERICAN DREAM


Alors que les championnats européens se préparent à affronter la trêve hivernale, outre-atlantique, l'édition 2013 de la Major League Soccer touche à sa fin et s'apprête à connaître son dénouement. Samedi 7 décembre, 22h heure Française, le Sporting Kansas City d’Aurélien Collin affronte le Real Salt Lake pour le compte de cette finale. L’occasion de revenir sur la carrière mouvementée du Frenchy

Après avoir connu les centres de formation de Reims et Sedan, Aurélien Collin tente d’effectuer le grand saut vers le monde pro en France, sans réussite (Amiens, Gazélec). Il décide alors d’aller voir ailleurs, pour ce qui sera le 1er exil d’une longue série. Direction l’Espagne, ou il rejoint la formation de Majorque.

Malheureusement l’expérience n'est pas concluante, et, lassé de chauffer le banc de touche, le natif des Yvelines qui n’a alors que 21 ans prend son destin en main et s’envole direction Gretna, pensionnaire de Premiership Ecossaise, et qui vient d’être racheté par un richissime homme d’affaire. Un transfert qui signe le début d’un véritable parcours du combattant. Les résultats ne sont pas au rendez-vous et le club est frappé de plein fouet par une crise financière qui aura raison de son existence. Incapable de verser les salaires, et fort d’un mécène qui a quitté le navire, Gretna connaît alors Lafayitte Générale et laisse Aurélien Collin libre de tout contrat. Pas de chance.

Nouveau point de chute, nouveau pays, nouvelle galère. Il s’engage avec la formation Grecque du Panserraïkos, mais là aussi, lui qui pensait se relancer devra passer 3 mois sans toucher sa paye. Quand ça veut pas, ça veut pas.

La descente aux enfers du jeune homme atteint son paroxysme lorsqu’il est contraint d’aller fouler les pelouses de 5e division anglaise, à Wrexham. Alors que beaucoup auraient abandonné, et se seraient avoués vaincus, (et vingt culs, c’est énorme), la carrière du jeune homme semble enfin décoller puisque, le Vitoria Setubal décide de l’engager. Une saison qui s'avère plutôt concluante sur le plan sportif, mais le spectre du patron mauvais payeur plane encore au-dessus du garçon. Il confie d'ailleurs ne toucher son salaire qu’une fois tous les 3 mois. Quand y’en a plus y’en a encore. Une vraie patte de lapin on vous dit.

« L´Amérique, je veux l´avoir et je l´aurai »

Difficile de savoir si la paternité de cette phrase revient à Joe Dassin ou à Aurélien Collin, tant elle colle à l’histoire du 2nd. Mais passons. Lassé de ces problèmes financiers, il décide alors en 2011 de saisir l’opportunité offerte par Kansas City, et d’écumer un énième championnat. La décision est prise, sans regret, Aurélien quitte le vieux continent pour le pays de l’Oncle Sam et pose ses valises dans le Missouri. S’il gagne moins, 13700 €, il est au moins sûr de les toucher, une sécurité financière donc, à laquelle s’ajoute des installations ultra modernes, à coup sûr bien loin des standards qu’il à pu connaître à Wrexham.

Pari gagnant pour Collin qui se sent comme un poisson dans l’eau, et semble enfin avoir atteint la stabilité tant recherchée. Le jeune homme s’épanouit tant sur le terrain qu’en dehors. Pour preuve, son club de Kansas City lui offre une tribune sur son site officiel, ou il peut à sa guise distiller avec humour, des conseils à ses coéquipiers, dans ses vidéos du "Collin's Corner" http://www.sportingkc.com/video/2013/05/15/collins-corner-new-guys-edition ; la French Touch à la côte ; Montebourg est ravi, on n’en doute pas. 


Mais qu’on ne s’y trompe pas, si c’est le genre de mec qu’on est content d’avoir avec soi dans le vestiaire, c’est aussi et surtout, celui que l'on n’aime pas avoir contre soi sur le terrain. Le solide défenseur collectionne les récompenses individuelles et, lui qui a appris la culture tactique en France, s’est découvert une âme de leader, s’imposant comme un des tout meilleurs joueurs de MLS. En témoigne ses 2 apparitions consécutives dans l’équipe All Star du championnat, et son titre de 3e meilleur défenseur de la ligue en 2012. Véritable gardien de la forteresse du Missouri, l’on pourrait y voir un clin d’œil de l’histoire pour le Frenchy, quand on sait que Kansas fut fondée à l'emplacement d'un ancien fort français, le Fort CavagnialVoilà pour l’anecdote.

Collin- Maillard

Une défense c’est avant tout une paire de gars complémentaire, capables de se trouver les yeux fermés et qui n’hésitent pas à permuter. Pour le coup, celle des Wizards (NDLR : Les magiciens) fait merveille. En effet, son association avec Matt Besler, sacré meilleur défenseur de l’année 2012 rend pleine satisfaction et l’alchimie a pris entre ce dernier, habile dans la relance, et doté d’une bonne vision du jeu, et Collin, parfois surnommé le « destroyer », solide, athlétique, si bien que l’on pourrait parfois, à tort, le taxer de manquer de finesse, comme Louis.

Résultat, Kansas possède pour la 3e saison consécutive, série en cours, la meilleure défense de la Ligue. Pas maladroit de la tête, il est aussi capable d’être décisif devant le but. Troisième meilleur buteur du club, et notamment auteur de 2 réalisations en demi-finale de play-off, le garçon nous prouve que sa patte de lapin n’était pas si maladroite.

Au chat et à la Missouri


Malgré leurs faiblesses offensives, le Sporting KC est tout de même parvenu à décrocher le titre de champion de conférence, et ce, pour le compte des 2 précédents exercices, avant d’échouer à chaque fois en play-off. Mais cette année, Kansas semble inarrêtable et les équipes qui viennent défier le Sporting, finissent inéluctablement par butter sur la défense imprenable des Wizards, qui, dans le rôle du chat, ne cessent de dominer les souris adverses dans ce secteur.

Tous les éléments qui ont pu faire défaut par le passé semblent enfin réunis cette saison, et la maison bleue de SKC, adossée à Collin, n’a jamais été aussi proche d’un sacre qui lui échappe depuis 2000, soit  12 ans de disette. L’occasion pour notre Français, qui a tout gagné hormis ce titre de champion MLS, de finir l’aventure en beauté. Car oui, le contrat d’Aurélien prend fin la saison prochaine, et Kansas aura bien du mal à éviter que File Collin.
En effet, difficile pour lui de ne pas songer à un retour en Europe, par la grande porte cette fois ; celle-là même qu’il a dû claquer, presque contraint et forcé, il y a de cela 3 ans, pour qu'enfin il puisse savourer la juste reconnaissance de son travail, outre-Atlantique.


Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)
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