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QATAR: L'AVENIR EST A EUX



Modeste 92e formation au classement FIFA, le Qatar s'efforce pourtant de s'offrir une légitimité footballistique. Pays hôte du Mondial 2022, l'émirat entend bien être compétitif, non plus seulement en dehors du terrain au travers de ses investissements, mais bien sur le terrain, grâce au développement de son championnat et de son équipe nationale. Opposé au Maroc en match amical mercredi soir, l'équipe du Golfe entendait bien faire son trou.


Dans un pays de seulement 2 millions d'habitants, peu nombreuses sont les alternatives pour façonner une équipe compétitive sur la scène internationale. Paradoxalement, l’émirat est, de coutume, très stricte concernant la nationalité Qatarie et les autorités veillent à ce que les travailleurs immigrés n’y accèdent pas. Ce n’est que dans certaines circonstances exceptionnelles que le cheikh du Qatar peut éventuellement accorder la nationalité à un étranger. Et c’est précisément la perspective de se doter d’une équipe nationale capable de se qualifier aux phases finales de Coupe du monde qui fait figure de circonstance exceptionnelle.


« Si ça continue, il y aura 16 équipes brésiliennes! »
Ainsi, les autorités ont, très tôt, commencé à naturaliser des joueurs étrangers, notamment brésiliens. Des pratiques qui ont soulevé en 2010 l’indignation de Sepp Blatter, président de la FIFA:  »Si nous ne faisons pas attention, alors, à la prochaine coupe du monde, nous auront 16 équipes Brésiliennes« .
La méthode a en effet fait ses preuves dans d’autres sports, comme en athlétisme ou Stephen Cherono, ex-Kényan rebaptisé Saif Said Shaheen, a rapporté en 2003 une médaille d’or au Qatar. Naturalisé en échange d’un salaire à vie, la FIFA a préféré, dès les années 2000, prévenir le mal et a durci son règlement après que l’ancien Auxerrois Denis Oliech se soit vu offrir près de 2 millions d’euros pour revêtir la tunique de l’émirat et abandonner celle du Kenya.
QATAR
Des tentatives répétées, comme en 2004, ou Ailton, alors meilleur buteur de Bundesliga, s’est vu proposer le même deal. D’abord séduit, la FIFA bloquera par la suite la transaction. Avec la perspective du mondial 2022, les promesses de naturalisation restent présentes et sont accompagnées de gros « cheikh ».
C’est ainsi que la fédération Qatarie parvient à attirer dans son championnat de jeunes joueurs encore en formation, dans l’optique d’une possible naturalisation à l’horizon 2022, comme le dénonçait le président du Raja de Casablanca, Abdeslam Hanat, au média Marocain « Le soir Echos ». Récemment, c’est le cas Ezekiel qui a fait débat, le jeune attaquant du Standard choisissant le Qatar pour destination.


La bague au Doha

Devant le barrières imposées par la FIFA, le Qatar a alors injecté quarante millions d’euros dans son championnat. C’est ainsi que la Qatar Stars League s’est faite connaître au début des années 2000, en attirant de grands noms venus finir leur carrière par une pige dans la péninsule. Parmi eux, Gabriel Batistuta (Al Arabi Doha), Franck Leboeuf (Al Sadd), Christophe Dugarry, les frères de Boer, Fernando Hierro, Sonny Anderson (Al Rayyan) ou encore Marcel Desailly (Al Gharafa) ont dit « oui » à l’émirat.
Si ces anciennes gloires ont ouvert la voie, des joueurs confirmés évoluant en Europe n’hésitent désormais plus à tenter l’aventure, et ce de plus en plus jeune. Ainsi, Chico Flores (27 ans) et Pablo Hernandez (29 ans) ont cette saison quitté Swansea pour l’émirat, tout comme Vladimir Weiss (Olympiakos), 24 ans, qui s’est engagé avec Lekhwiya SC. De même âge, seulement 22 ans, l’espoir Belge Maxime Lestienne a signé un bail de cinq ans du côté d’Al-Arabi. Il sera cependant prêté au Genoa jusqu’à la fin de saison.
Une attractivité certes relative, mais qui a permis à la formation d’Al Sadd, emmenée par Mamadou Niang, Kader Keita et Nadir Belhadj, de rafler une Ligue des Champions Asiatique en 2011. Cependant, les habitudes sont tenaces, et si la feuille de match comprenait bien sept qataris, six d’entre eux étaient naturalisés. De plus, comme pour la sélection nationale, les entraîneurs sont eux aussi rarement issus de la péninsule, comme c’était le cas avec Jorge Fossati (Al Sadd 2011) et sélectionneur du Qatar (2007-2008). Aujourd’hui emmené par Djamel Belmadi, la sélection nationale s’appuie allègrement sur la formation d’Al Sadd. Ainsi, sept joueurs des « Annabi » y évoluent actuellement.
RESUS


Dohau mur
Pointés du doigt par la FIFA, le Qatar a décidé de se concentrer sur la formation. C’est ainsi que l’Académie Aspire a vu le jour en 2004. L’école accueille aujourd’hui des jeunes garçons censés constituer l’ossature de la sélection nationale d’ici à 2022. Si les jeunes Emiratis sont sélectionnés dès l’age de six ans, un programme de détection mondial permet, encore et toujours, d’attirer, et ce toujours plus jeunes, les futurs espoirs du football au Qatar.
Et les premiers résultats se font sentir puisque Nasser Nabeel, issu de l’Académie faisait partie de la formation victorieuse d’Al Sadd en 2011. De même, l’international Khalfan Ibrahim, le seul Qatari de naissance en question, a reçu le titre de Joueur Asiatique de l’année en 2006, une première pour un Qatari.
Par ailleurs, les dirigeants poursuivent leurs efforts de formation au travers d’accords passés avec des clubs européens. En effet, le Barça accueille ainsi des joueurs du cru dans son école de La Masia. De même, depuis Juin 2012, le club d’Eupen est la propriété d’Aspire Zone Foundation. Evoluant en deuxième division Belge, la formation se veut une succursale de cette académie d’excellence, censée former et lancer les jeunes espoirs Qataris en Europe. A ce titre, quatre internationaux des U20 Qataris y sont actuellement formés, pendant que d’autres espoirs évoluent dans les équipes de jeunes des plus grands clubs européens, comme le Real Madrid, Villarreal, le FC Séville, l’Atlético Madrid, ou même l’AJ Auxerre et l’AS Monaco.
Un nul face aux Lions de l’Atlas
Si la formation opposée hier au Maroc a pu sembler un ton en dessous de son adversaire, les Qataris sont parvenus à tenir en échec leur homologues (0-0). Dominateurs en début de périodes, les lions de l’Atlas ne sont pourtant pas parvenus à trouver le chemin des filets. Ce sont même les visiteurs qui auraient pu prendre l’avantage par l’intermédiaire de Khoukhi et Mahdi Ali Mukhtar, tous deux proches d’ouvrir le score. Confrontés à une solide défense Qatarie, les locaux auraient pu finalement l’emporter grâce à Chahechouhe. Ce dernier se procurera l’ultime occasion mais viendra finalement buter sur le portier Qatari, Abdulnasser, préservant ainsi ses cages inviolées.
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Un résultat prometteur, venant encourager les efforts de formation mis en oeuvre par la fédération Qatarie pour ne pas manquer le rendez-vous de 2022.
Reste cependant à savoir si les 8 années à venir seront suffisantes pour que ces jeunes espoirs Qataris fassent bonne figure au mondial.
Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)

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