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ANDREA FILECCIA, UNE CARRIÈRE SUR LE FIL

Freiné en Europe par des blessures récurrentes, le jeune Italo-belge de 23 ans décide de tenter l'aventure en Afrique du Sud. Une saison et demi plus tard le pari s'avère un succès, avant que l'histoire ne se répète. 

Ils ne sont que cinq européens à évoluer en ABSA Premiership cette saison. Si le flux de joueurs se fait traditionnellement dans l'autre sens, Andrea Fileccia a décidé de prendre son monde à contre-pied. Un choix de carrière osé, qui s'avère une réussite au vu de son début de saison : « Avec 6 buts en 7 apparitions, j'étais le meilleur buteur de la ligue », se rappelle Andrea.

Le tifoso du Napoli se prend alors à rêver d'un retour en Europe : « L'Italie serait l'idéal, mais je ne m'impose plus de limites ». Le destin va pourtant s'en charger : «J’ai subi une véritable agression au genou lors du derby face à Bloemfontein, confie-t-il. Je suis en convalescence pour 3 mois ». Une blessure qui vient, une nouvelle fois, stopper son élan. Et celui des Free State Stars qui ont enregistré 5 défaites sur les 7 derniers matches disputés depuis.

L'Excelsior s'acharne 

D'autant que son parcours aurait pu être tout autre : « J'ai été formé au Feyenoord où je marquais à chaque match avec l'équipe réserve », explique Fileccia. Mais avant d'intégrer l'équipe fanion, direction l'autre club de Rotterdam, tout juste promu: « Jon Dahl Tomasson (entraîneur-adjoint de l'Excelsior) m'a enseigné des mouvements que je n'aurai pas pu apprendre ailleurs, poursuit-il. J’ai joué quelques matchs avant qu'on me diagnostique un problème à la hanche, et j'ai du m'arrêter 6 mois. »

Force Louvière

Un premier coup dur pour Andrea, alors international espoir belge. D'autant qu'à son retour, sa formation lutte pour le maintien. Des joueurs plus expérimentés lui sont préférés, et malgré quelques apparitions, Andrea ne retournera pas au Feyenoord. N'est pas Tomasson qui veut : « Mon agent m'avait promis de me faire rebondir en Jupiler League », se rappelle Andrea. Mais les portes des clubs de l'élite restent fermées.

Pourtant sa volonté de ne pas abandonner son rêve le pousse à aller répéter ses gammes avec La Louvière, en 3e division : « Ca a été très dur psychologiquement, avoue Andrea. Les installations étaient assez différents de ce que j’avais connu et les problèmes extra sportif étaient décourageants ». L'Italo-belge redouble d'effort et retrouve ses sensations. Mais s'il manifeste des envies d'ailleurs, pas simple d'attirer les grosses écuries : « J'ai été contacté par quelques clubs, mais rien de concret hormis Tom Saintfiet, un coach qui allait signer aux Free State Stars en Afrique du Sud ».

Andrea Fileccia sous ses nouvelles couleurs 

Fileccia sait que son salut passe par cette proposition : « La perspective d'évoluer en première division m'a convaincu ». Il décide de suivre sa bonne étoile, Tom Sainfiet, qui le guide jusqu'au Goble Park de Bethléem. Un stade où il se révèle au grand jour : « Il y a encore un écart de niveau avec l’Europe et si toutes les équipes sont professionnelles, certaines sont plus développées au niveau infrastructure ».

Bloemfontein de Jouvence

Coupe du Monde 2010 oblige, certaines équipes bénéficient de stades flambants neufs : « Le derby entre Kaizer Chiefs et Orlando Pirates, deux équipes assez techniques et tactiques, est assez impressionnant, explique-t-il. Dans un stade de 95.000 personnes, le bruit ne s'arrête pas pendant 90 minutes ». Les vuvuzelas, ce fléau. Mais Andrea n'a pas mis le cap au sud pour faire du tourisme : « J'ai évolué devant 20 000 personnes contre les Kaizer Chiefs, c'est aussi très excitant ». Rien à voir avec les affluences de 3e division belge en effet. On ne mélange pas les torchons et Tom Sainfiet.



Fort d'un début de saison en trombe, Andrea se fait un nom bien au-delà de son club : « Je suis reconnu partout en Afrique du Sud, avoue-t-il. J’essaie d’être le plus disponible possible pour les photos et les autographes. » Les supporters lui rendent bien, même si l'Afrique n'est pas à l'abri de dérapages. Andrea expérimente en effet ce que certains joueurs africains connaissent en Europe : « Au Lesotho, j'étais le seul joueur de couleur blanche au milieu de 5 000 personnes et j’ai été victime de racisme ». Mais ni cet incident isolé, ni les blessures à répétition n'empêcheront Andrea de courir après son rêve. Un rêve qui devra attendre la saison prochaine, en espérant que la convalescence ne lui fasse pas perdre le Fil' de sa carrière. 


Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)

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