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VINCENT LABRUNE

UNE STRATEGIE POUR RENDRE L'OM ATTRACTIF

Si Vincent Labrune tente d'assainir le club, c'est pour MLD - Photo: Icon Sport


Avec l'émergence du PSG et de l'AS Monaco, Vincent Labrune, le président de l'OM, a du repenser sa stratégie. Pour cela, il s'est réadapté aux réalités économiques et sportives du football hexagonal, afin d'assainir le club. 


Le nerf de la guerre, c'est la masse salariale. Lionel Maltese, Maitre de Conférences, annonçait une saison 2014/2015 « compliquée à défendre devant la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG) ». Avec l'exil forcé de José Anigo, ex-directeur sportif, Vincent Labrune a repris en main les clés du mercato et s'est séparé de plusieurs gros salaires. Pour rivaliser avec le PSG et continuer d'alimenter les caisses, le club n'a d'autre choix que d'attirer de « futurs actifs sportifs valorisables », à savoir des jeunes joueurs à fort potentiel, pour les revendre à un prix élevé. 



Plus c'est long, plus c'est bon


Autre facette de la stratégie Labrune, la constitution d'un capital foncier. Pour cela, le club s'est payé le centre d'entraînement de « La Commanderie », cédée « une bouchée de pain par la ville » comme l'explique Michel Allione, ex Radio Maritima, en charge de l'OM. 
« Vincent Labrune tente d'assainir le club sous la justification de la remise à l'équilibre de comptes » poursuit-il. Pourtant, Lionel Maltese doute encore de l'efficacité de cet assainissement, puisque le club subit selon lui « de grosses pertes financières », même s'il reconnaît que « la masse salariale est mieux maîtrisée ».

Le projet de Labrune s'inscrit en effet sur du long terme, et la cure d'austérité imposée n'est pas encore aboutie. Pour le moment, « il cherche surtout à établir l'OM en Ligue des Champions » explique Hélène Foxonet, lauréate du prix Sport et Femmes en 2005 et journaliste à L'Equipe. En confiant l'aspect sportif à Marcelo Bielsa, il s'entoure de gens compétents, à même de remplir cette tache. Mais s'il remet le club à flot, c'est pour Margarita Louis-Dreyfus, actionnaire et « qui a des comptes à rendre » poursuit elle.

Si le projet ne rencontre pas d'accroc, l'OM pourrait redevenir attractif économiquement. «C'est du business, un jour Margarita voudra avoir moins de parts, pour courir moins de risques » confie Richard Miron, adjoint au Maire, délégué au sport. Mais si aucun acheteur sérieux ne s'est encore manifesté, Vincent Labrune anticipe-t-il une hypothétique vente de l'OM dans les années à venir ? 


Un serpent de mer

Si Vincent Labrune s'évertue à maîtriser les finances du club, c'est que la DNCG les contrôle méticuleusement, incitant les fortunes à investir à l'étranger. Mais il y a d'autres critères qui rentrent en jeu explique Michel Allione. La réputation de la ville n'est pas « bankable » et l'impossibilité pour le propriétaire de faire ce qu'il veut aux commandes - du fait de l'influence des groupes de supporters - font obstacles à l'intérêt d'investisseurs.

Mais le principal écueil réside dans l'absence « d'actifs durables ». Le nouveau stade Vélodrome d'abord, qui n'est pas « contrôlé par le club au niveau de son exploitation annuelle » comme l'explique Lionel Maltese. Propriété d'AREMA, il ne semble pas apte à devenir une ressource financière pour l'OM. Le centre de formation ensuite, peu productif et qui reste la grande faiblesse du club.

Avec une « marque OM » trop liée aux résultats sportifs, la capacité du club à attirer de nouveaux investisseurs privés est mise en doute Si le club possède en effet « une marque passionnelle attractive », cela explique que le club « nourrisse beaucoup de fantasmes » souligne Richard Miron. 


La blonde, Labrune, et le truand 

Si l'OM n'est officiellement pas en vente, c'est que MLD semble privilégier la succession de son fils, Kyril. Une piste qui se justifie notamment par une méfiance à l'égard des repreneurs potentiels selon Michel Allione. Le nom de Jack Kachkar est en effet toujours présent dans les têtes des Marseillais. En 2007 il est à deux doigts de racheter l'OM pour 115 millions d'euros, mais l'affaire ne se conclu finalement pas. Après enquête, il est condamné pour escroquerie à 10 mois de prison avec sursis, cinquante mille euros d'amende, et cinq cent milles euros de dommages et intérêts à verser à MLDLa même année, Robert Louis-Dreyfus écope de dix mois avec sursis et 200 000 euros d'amende dans l'affaire des comptes de l'OM (malversations à l'occasion d'une quinzaine de transferts frauduleux entre 1997 et 1999). Préférant éviter d'avoir à faire à la justice, MLD pourrait craindre l'arrivée d'un investisseur aux fonds obscurs, tenté de profiter du club Phocéen pour blanchir de l'argent. 

Et puis, vendre, c'est aussi prendre le risque d'un désengagement de l'investisseur (cf. Grenoble ou Monaco). L'intérêt semble alors mince et pourrait remettre en cause la reconstruction entamé. La stratégie de Vincent Labrune pourrait même se révéler antinomique, tant une vente bouleverserait l'identité nouvelle que se façonne l'OM, au travers de ce projet sportif. Comme le confie Hélène Foxonet, « la frustration vient de la comparaison avec PSG ». Si l'OM lui tient tête, la cité Phocéenne s'enorgueillira. Mais s'il y parvient sans entrer dans la surenchère financière, il ne sera alors plus question qu'un investisseur vienne bafouer l'identité du club, pour en faire un produit "bankable". Le serpent de mer pourrait alors ne plus refaire surface.




Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)

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