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ALEXANDRE BARTHE



BARTHE A LA BANANE 


Né à Avignon et formé à St Etienne, Alexandre Barthe, n’y connaîtra pourtant que la CFA. Alors suivi par Liverpool, le défenseur central ne sera cependant pas conservé chez les verts. Et, si du Forez à Rodez il n'y a qu'une lettre, il n'y a surtout qu'un pas, et, le jeune défenseur central, touché par des blessures récurrentes, sera contraint d’aller y faire ses gammes, en CFA. Retour à la case départ donc.

Après deux saisons en National, Alexandre Barthe effectue le grand saut. Afin de ne pas voir ses rêves de carrière professionnelle partir en fumée, Barthe abat sa dernière cartouche. A seulement 22 ans, il s’envole direction le pays de Kostadinov, la Bulgarie. Le Litex Lovech, club phare du championnat local le met à l’essai  après l’avoir repéré dans les différentes équipes de jeunes de l’EDF, ou il a notamment été capitaine des U17 et ou il côtoie entre autres Lloris, Kaboul ou Gourcuff. L’essai s'avère concluant, et le jeune homme vient compléter la colonie de frenchies débarqués cette même saison au Litex, parmi lesquels Cédric Cambon, Alexis Bertin, Jérémy Acédo, et Wilfried Niflore (que les fans de Football Manager auront reconnu). L’adaptation est difficile, et le doute s'installe. Il prend alors un avion, et retourne à Avignon. Après mure réflexion, il décidera finalement de saisir sa chance et de poser définitivement ses valises à Lovech.

S’il ne comptait pas y faire de vieux os, Barthe y reste finalement 3 saisons, le temps de glaner une Coupe de Bulgarie (2008), 2 titres de champions (2010 et 2011) et une Supercoupe de Bulgarie (2010). Alors que le pari tenté semble réussi, l’envie d’un retour au pays est toujours présente. A l’été 2011, alors que son transfert vers Boulogne sur Mer, tout juste relégué en L2 semble bouclé, il fait machine arrière, et décide contre toute attente de s’engager avec le Ludogorets Razgrad, fraîchement promu en 1ère division Bulgare, la « A PFG », après deux montées successives. Le Français estime qu’il n’est pas opportun de rentrer en France pour évoluer en Ligue 2, aussi bien sportivement, que financièrement.

Le « Manchester City » de Bulgarie

La comparaison peut faire sourire, pourtant, le recrutement du jeune homme par LudoGorets (qui n’a aucun lien avec Eric, le « lion de Rekem »), s’inscrit dans un projet ambitieux mené par l’homme d’affaire Kiril Domuschiev, arrivé au club en 2010 et qui a décidé de mettre le paquet. Le club, qui accède à l’élite pour la première fois de son histoire, va collectionner les records, et Barthe n’y sera pas étranger.

Pour sa 1ère saison, il peut compter sur la meilleure défense du pays (16 buts pour 30 matchs), mais aussi sur l'attaque la plus prolifique (73 buts), ce qui lui permet de remporter un triplé historique, Championnat, Coupe, et Supercoupe. Pas mal pour un promu, d’autant que l’exploit est mondial. Un seul club sur la planète est jusque-là parvenu à rafler les 3 trophées nationaux suite à une promotion, le FC Talinn Levadia (Estonie), et c’était en 1999.

Les Citizens de Razgrad continuent de soigner leurs stats et leur palmarès la saison suivante. Ils décrocheant un nouveau titre de champion en 2013, bénéficiant d’une défense toujours aussi imperméable (13 buts encaissés en 30 matchs). Barthe impressionne et s’affirme comme la pièce maîtresse du dispositif défensif sur lequel s’appuie le club.

L’envol des Aigles

Qualifiés pour les Barrages de la Ligue des Champions, ils buttent finalement sur le FC Bâle (6-2 sur les 2matchs). C’est donc en Europa League que les Aigles de Razgrad (NDLR : leur surnom) devront se faire les serres. Le Ludogorets confirme les promesses entrevues en championnat, et survole littéralement son groupe (PSV, Chornomorets Odessa, Dinamo Zagreb). Parti sur des chapeaux de roues, le club entame sa campagne par 3 succès, une première pour une équipe bulgare dans les compétions européennes au XXIe siècle.

Bien loin d’y laisser des plumes, le club, invaincu, est qualifié au bout de 5 journées. Avec 2 buts encaissés en 6 matchs, la défense du Ludogorets au sein de laquelle Barthe a été aligné 5 fois sur 6, a une fois de plus, joué un rôle primordial dans ce parcours sans faute. En 16e de finale, les Aigles de Razgrad seront confrontés à ceux de la Lazio, l’occasion de confirmer qu’il faut désormais compter avec eux. Parmi les joueurs à surveiller, le buteur Roman Bezjak fait son trou et enfile les pions (10 en 17 matchs), bien aidé par le meneur de jeu Marcelinho, auteur de 9 buts et  5 passes décisives en 18 apparitions.

« Je crois qu’il n’y aura pas de voyage de retour… »


Cet exil qui ne devait être qu’une simple étape avant de rentrer dans l’hexagone pourrait finalement se prolonger. Si depuis, tous ses compatriotes sont revenu en France, le succès n’a pas vraiment été au rendez-vous. Passé du coté de Nîmes en National, Niflore ne confirme jamais son statut de bourreau des surfaces Bulgares. Pire, les autres ont connu un retour dans l’anonymat le plus total, à l’exception de Cambon, seul à avoir réussi un retour gagnant en Ligue 1, du côté de l’Evian TG. Il est donc légitime pour Barthe de s’interroger sur l’opportunité d’un tel retour. Il remettrait alors en question ce qu’il a mis 6 ans à construire, à savoir, la réputation d’un des meilleurs défenseurs du championnat, et prendrait le risque de voir le château de Barthe s’effondrer.

D’autant que le Français devrait sous peu, compter un passeport Bulgare. Dès lors, lui qui a fondé une famille en Bulgarie, et s’y affirme comme une référence à son poste, sera éligible à la sélection nationale. Quand on sait qu’il s’est dit prêt à répondre favorablement à un appel du sélectionneur, (comme il le confiait au micro de BeinSport), l’hypothèse de le voir revêtir la tunique des Lions Bulgares semble d’actualité. 

S’il n’est pas question de revanche pour Alexandre Barthe, la perspective de pouvoir goûter aux joutes internationales, mais aussi, de rendre son dû, au pays qui lui aura permis de se révéler au grand jour, pourraient avoir raison d’un éventuel retour dans l’hexagone.



Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)


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