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DINAMO TBILISSI, LE DEUIL DE MOSCOU


Club réputé durant l'époque soviétique, le Dinamo Tbilissi peine à exister en Europe depuis la dissolution du bloc de l'Est. Une transition compliquée que le club tente d'achever en se tournant vers des joueurs étrangers comme Anthony Scribe et Mathias Coureur.

Seize, comme le nombre d'Umaglesi Liga glanées par le Dinamo Tbilissi en 26 éditions. C'est dire à quel point le club de la capitale domine son sujet depuis 1990. Une bouffée d'air frais après avoir évolué durant 53 ans au sein du championnat soviétique. Mais peut être pas autant qu'il n'y paraît. Car le Dinamo n'est plus aussi performant sur la scène européenne depuis la fin du championnat d'URSS. 
S'il n'y a pas toujours joué les premiers rôles, il a tout de même été sacré deux fois (1964 et 1978). Moins dominateurs que maintenant, les Géorgiens y affrontaient une concurrence féroce, entre les clubs moscovites et le grand Dynamo Kiev. De quoi être plus performants au moment d'affronter le reste des équipes du continent.

En 1981, Tbilissi se défait de West Ham puis du Feyenoord avant d'accéder à la finale de C2  -  Crédit : Georgian Journal

Européens de 1976 à 1983, les Géorgiens accrochent des grosses écuries comme l'Inter Milan (1977), Naples (1978), ou Liverpool (1979). En 1981, le Dinamo remporte même la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe (C2) face au Carl Zeiss Iéna. Mais depuis,  plus rien, ou presque. 
Un 16e de finale de Coupe UEFA en 96/97 et une phase de poules en 2004/2005. Dur retour à la réalité pour un club qui avait l'habitude de s'appuyer sur des joueurs locaux, comme lors de leur sacre en C2, où la totalité du onze titulaire était originaire de la République Socialiste de Géorgie. 

Deux hommes dans l'Est

Mais avec une Umaglesi Liga plus faible suite à la chute du mur, pas simple de poursuivre le même projet : « J’ai conscience que le championnat bulgare est plus relevé », avoue Mathias Coureur, transfuge du Cherno More Varna (Bulgarie). Si le club tente de prolonger son œuvre de formation, le Dinamo a du se rendre à l'évidence et aller piocher à l'étranger pour continuer à progresser. En Europe de l'Est d'abord, et plus récemment, à l'Ouest. Un luxe au sein d'un championnat géorgien encore très fermé sur ce point : « Nous sommes les premiers joueurs français du club avec Mathias, c'est un honneur pour nous. Cette année nous avons quelques étrangers qui amènent leur expérience, une autre façon de jouer, mais les deux sont compatibles », constate Anthony Scribe, gardien fraîchement arrivé de l'AC Ajaccio.

Après avoir disputé 36 matches en deux saisons avec le club corse, le portier a préféré s'exiler, plutôt que de tenter de percer dans l'hexagone : « J'avais une opportunité de rester en ligue 2 mais j'ai préféré ne pas perdre de temps. Partir à l'étranger, dans un club qui joue l'Europe et qui règne sur son championnat c'était une expérience que je voulais vivre durant ma carrière. » Car la force du Dinamo est là : être européen chaque année, et régulièrement en C1 : « Après avoir connu l'Europa League (NDLR : au Cherno More Varna), je voulais absolument un club qui jouait cette compétition, ou la Champions League, explique Mathias Coureur. C’est un club qui gagne son championnat quasiment tous les ans et qui joue donc les tours préliminaires de la Champions League. C’est un point déjà positif (rires) »


Un argument de poids qui a permis à Mathias Coureur de réaliser son rêve. Mais avec le temps, celui du Dinamo prend des allures de chimère. Car l'aventure européenne du club s'arrête le plus souvent à ce stade de la compétition : « Jouer les poules de la Champions League serait évidemment le top ! Ça risque d’être difficile, mais on va tout donner pour y arriver », confie Mathias Coureur. « Ça fait un moment qu'ils n'ont pas fait une phase de poules, et c'est clairement notre objectif cette année », poursuit Anthony Scribe. 

C'est une bonne situation ça, Scribe ?

Après avoir sorti les Arméniens d'Alashkert au 2e tour, le Dinamo devait donc écarter un autre Dinamo de son chemin, celui de Zagreb : « Une grosse équipe habituée aux joutes européennes, avec beaucoup d'internationaux, analyse Coureur, avant la double confrontation. Ils viennent de vendre un joueur pour plus de 20 millions à la Juventus, ce n’est pas anodin. » Rien d'anodin, et surtout, tout sauf un cadeau pour une formation géorgienne à l'expérience européenne récente limitée.

Avant-match face à Alashkert avec Mathias Coureur à droite d'Anthony Scribe, gardien du Dinamo Tbilissi

Si la perspective de passer de la Ligue 2 à la Coupe d'Europe a séduit Anthony Scribe, la réalité du terrain est parfois différente. Dès le match aller, la tâche s'était compliquée, après une défaite 2-0 en Croatie : « Nous avons des regrets, il y avait la place. Mais il reste le match retour et on y croit. Il faudra faire le match parfait ». Comme face à Alashkert, Mathias Coureur avait d'ailleurs du se contenter de quelques minutes de jeu en fin de match : « Je ne méritais pas de débuter les rencontres ! J’en suis conscient mais j'ai fait 2 rentrées intéressantes. Contre Zagreb, le stade sera plein. J'espère pouvoir le vivre ». Et Coureur sera exaucé puisqu'il est aligné d'entrée pour le match retour. Pas suffisant pour empêcher la défaite de son équipe, 0-1. 

Si proches de poursuivre leur rêve en Ligue des Champions et à la fois si loin. Comme le paradoxe que vit le Dinamo Tbilissi. Entre nostalgie d'un club qui comptait en Europe et qui se heurte désormais au reste du continent. Mathias et Anthony sont d'ailleurs là pour ça. Franchir un palier, et entraîner le Dinamo avec eux. Car si la marche était trop haute face à Zagreb, le club géorgien a gagné le droit de disputer les Playoff de l'Europa League, jeudi. Une session de rattrapage face au PAOK Salonique avec à la clé, la phase de groupes de la C3. Pour que la transition du club s'amorce enfin. Car rien ne sert de courir, mais il faut partir avec les 3 points.


Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)



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