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AURÉLIEN COLLIN : "AUX USA, LA LIGUE DÉCIDE DE TOUT"

 
L'écusson de la MLS version 2015

Deux nouvelles franchises ont rejoint les rangs de la MLS cette saison, New York City FC et Orlando City. L'occasion de s'entretenir avec Aurélien Collin, MVP de la finale remportée avec Kansas City l'an passé, et qui vient d'achever sa première saison en Floride.

La MLS continue sa marche en avant. Avec l'arrivée de deux nouvelles franchises, de nouvelles stars débarquent aux USA. Après Beckham (2007), Henry (2010), Keane (2011) ou Nesta (2012), la cuvée 2015 n'a rien à envier à ses aînées puisque David Villa, Franck Lampard (NY City FC) ou Kaka (Orlando) viennent garnir les rangs de la ligue. Une nouvelle vague de joueurs qui ont fait leurs preuves sur le vieux continent, comme pour continuer de promouvoir l'image du championnat Américain. « Cela permet d'améliorer le niveau de la Ligue, mais aussi d'assurer son rayonnement grâce au pouvoir médiatique très fort de ces joueurs » confirme Aurélien Collin.
Des stars qui promeuvent la MLS à travers le monde, mais aussi et surtout, sur le sol Américain. Tout comme la Coupe du Monde - qui met en lumière la discipline dans le pays le temps de la compétition - ces stars permettent de susciter l'intérêt des Américains pour le football. C'est d'ailleurs le sentiment, d'Aurélin Collin ; tout le monde commence a découvrir la MLS. Le fait que de nouvelles franchises rejoignent la ligue permet que de nouvelles villes s'y intéressent. « A Kansas, personne ne suivait le football avant que l'on soit champion » rappelle le frenchy. Et il fait la même prédiction du côté de la Floride : « C'est la même chose pour Orlando, dans 1 ou 2 ans, tout le monde connaîtra le football à Orlando » promet le natif des Yvelines.

Des joueurs dépendants de la Ligue

Pourtant, si la Ligue, les joueurs Américains ou l'équipe nationale en profite pour hisser leur niveau, de nombreuses règles freinent ce développement. Parmi elles, le Salary cap. Contrairement aux championnats professionnels européens, les clubs ne sont pas propriétaires des contrats de leurs joueurs ; c'est la ligue elle-même qui s'en charge. Chaque club dispose ainsi d'une masse salariale à partager entre les contrats de ses différents joueurs (3 100 000 US$ en 2014). « A cause de la faillite de la NASL (North American Soccer League) en 1984, la ligue veut éviter la banqueroute et utilise le salary cap pour s'assurer que chaque joueur reçoive son salaire » confie le Français. Certes, les joueurs reçoivent leur salaire, mais la gestion des contrats est encadrée par le Roster Rule (un règlement édicté par la MLS), et certains permettent à une franchise de baisser le salaire d'un joueur à la fin d'une année.

Une flopée de contraintes qui participent donc à ralentir le développement de la ligue. Et ce, malgré la règle du joueur désignée, qui permet à chaque club de rémunérer 3 joueurs avec une somme libre ; la clé pour attirer toutes les stars qui évoluent actuellement en MLS. « Partout dans le monde, le joueur est roi, mais aux USA, le joueur est dépendant de la ligue ; c'est elle qui décide de tout ». Pour autant, le défenseur n'est pas opposé à ce système, il regrette simplement un plafond qu'il juge encore trop bas ; le poids du passé. Les USA relancent donc la machine « soccer » sur des bases saines, et Aurélien Collin lui prédit un avenir radieux dès lors que ces règles financières seront moins strictes : « Tout sera différent dès que le salary cap atteindra 5 où 6 millions de dollars ».

La draft, prochain cheval de bataille 

Comme la plupart des ligues sportives nord-américaines, la MLS est fermée. Les 20 franchises payent pour y entrer et il n'y a ni relégation, ni promotion. Comme en NASL, le nombre de participants peut évoluer au gré d'éventuelles création de franchise, ou de faillites ; toujours en fonction de critères financiers donc, et non sportifs. Les équipes sont réparties en associations (Est et Ouest) et la saison se termine par la finale MLS. Autre système que l'on retrouve dans la ligue, la draft. La quasi-totalité des joueurs inscrits évoluent dans le championnat universitaire amateur de la NCAA. Certains joueurs cadres de l'équipe nationale sont même passés par là (Besler, Bocanegra, Bradley, Zusi, Altidore).

Pourtant, si en NBA une draft réussie peut influencer la qualité d'un effectif, le constat est différent côté soccer pour Aurélien Collin. « Le niveau universitaire est trop bas. Leur saison ne dure que 3 mois et les joueurs qui sortent de l'université n'ont pas le niveau ». Si la MLS a retenu les leçons du cuisant échec NASL avec l'instauration du salary cap, qu'en est-il côté formation, un aspect déjà totalement négligé à l'époque de la défunte ligue ? De l'avis du Français, c'est un secteur qui s'améliore. De nombreux clubs travaillent au développement de la formation, un facteur qui fait dire à Aurélien Collin que d''ici 5 à 10 ans, la draft pourrait avoir une réelle influence sur la qualité d'un effectif .

Ligue fermée, limite salariale, draft ; autant de particularités qui éloignent la MLS des standards européens. Et la Ligue des Champions CONCACAF, l'une des seules similitudes, n'y change rien tant son exposition médiatique est faible. Pour l'heure, il n'est pas question pour la Ligue de se rapprocher des canons du vieux continent, mais, si elle souhaite poursuivre son expansion, nul doute que son salut viendra du côté du salary cap et de la draft ; dixit Aurélien Collin himself.

Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)

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