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FC PACOS DE FERREIRA




CHRONIQUES D'UN ÉCHEC ANNONCÉ


Le football Portugais est depuis longtemps dominé par "Os Três Grandes" (les "Trois Grands"), Porto, Benfica , et le Sporting. Pourtant, dans un certain anonymat, le FC Paços de Ferreira essaye d'exister, à l'ombre de son voisin un peu encombrant, le FC Porto. Pour autant, pas de rivalité exacerbée entre les deux clubs, Porto ayant d'autres chats à fouetter que les castors de Paços.

De 0 à 100 en 4 secondes !  Depuis le début des années 90, Paços stagne en milieu de classement, faisant même l'ascenseur avec la seconde division à deux reprises.
Leur dernière expérience au sein de l'antichambre de l'élite ne durera qu'un an, Paços finissant champion dès la 1ère année. Cependant, la suite n'est pas plus reluisante, le club est solidement harnaché au ventre mou du championnat, et ne semble décider à sortir de sa torpeur que pour quelques brèves apparitions en Coupe de l'UEFA, (Coupe du Portugal aidant il faut le dire) auréolés d'échecs elles aussi.

Mais ce n'est pas le portrait d'une équipe de perdants sympathiques dont il s'agit. Non, il faudra attendre la saison 2012-2013 pour que le club au castor aperçoive la lumière, celle de la coupe aux grandes oreilles, la Ligue des Champions quoi ! Ce Saint-Graal, ils l'ont obtenu au sortir d'une saison couronnée d'une 3e place historique pour le club. Certes, le jeu des jaunes et vert n'est pas celui des canaris Nantais, mais il n'en est pas moins efficace et l'ascension est aussi fulgurante qu'inattendue. Leur défense solide (la 3e du pays) saura compenser leurs faiblesses offensives symbolisée par une attaque qui pointe au 6e rang avec "seulement" 42 buts en 30 matchs. Ce succès, ils le doivent en partie à leur entraîneur Paulo Fonseca. Porto ne s'y trompera d'ailleurs pas et enrôle le technicien originaire du Mozambique.

Confirmation attendue 


Paços se tourne alors vers 2 anciennes gloires du football Portugais, et notamment du... FC Porto ! Ils confient les clés du navire à Costinha, assistée de son ancien compatriote d'antan, Maniche, duo qui a fait des merveilles à Porto. Cette saison se veut celle de la confirmation, Costinha déclarant même "vouloir gagner un trophée", et s'inscrire dans la lignée de Fonseca. Pourtant, leur expérience sur le banc de Paços n'est pas concluante, et le navire commence à tanguer.

Après avoir hérité du Zénith Saint-Pétersbourg en Barrage de la ligue des champions, Paços ne parvient pas à faire illusion et est, dès le match aller, étrillé 4-1 à domicile (NB: match disputé au Stade du Dragon). L'issu ne fait alors plus aucun doute, pour leur première apparition dans cet exercice, ils n'iront pas plus loin. La première fois, ça fait toujours mal, en atteste le cuisant revers 4-2 concédé en terres Russes au retour. C'est donc la tête basse, et la queue entre les jambes (et c'était pas forcément la leur) que les castors entament l'exercice 2013-2014.

Jurisprudence Sampdoria c./ Werder

Le retour à la réalité est plus difficile que prévu et l'ivresse de la ligue des champions laisse vite place à une gueule de bois que le club lusitanien ne parvient pas à dissiper. L'entrée en matière en Liga Sagres est laborieuse, et le navire coule, à l'instar du sous-marin jaune de Villareal 2 saisons plus tôt. 

Pourtant, le même phénomène avait déja pu être observé ailleurs en Europe. Le Chievo Vérone, Auxerre, ou plus récemment la Sampdoria ont déjà connu un réveil difficile suite à une qualification inattendue pour la plus prestigieuse des compétitions européennes, dont ils n'ont pas su gérer "l'après". Tous ont connu la relégation la saison qui a suivi. Les dirigeants étaient donc prévenus...

Le chemin de croix continue pour les hommes de Costinha qui s'enfonce inexorablement dans les profondeurs du classement. Après 7 journées, le club ferme la marche du championnat, et ne compte que 4 points. La défense, qui avait fait merveille la saison passée a perdu de sa superbe, Paços ayant déjà encaissé 13 buts.

Quand on ne sait pas vendre...

Si il est coutume de louer la politique du FC Porto, celle de Paços n'a jamais été mis en lumière. Pour autant, bon nombre de clubs pourrait s'inspirer de la ligne directrice insufflée par les dirigeants. La pérennité des castors est assurée par une certaine rigueur financière. Ainsi, chaque direction doit s'engager personnellement à rembourser les éventuelles dettes, afin de laisser des comptes propres à la future direction. Une gestion des finances irréprochable donc !

Mais cela ne suffit pas. Si l'ambition semblait présente en début de saison, les supporters déchanteront rapidement. En effet, si des finances saines n'ont jamais empêché des clubs de s'illustrer au plus haut niveau, la politique de recrutement doit, quant à elle, être audacieuse. Le constat est là, Paços n'a pas dépensé le moindre centime cet été, et a préféré miser sur des joueurs libres, la faute à une absence quasi totale d'entrée d'argent frais. S'il est vrai que la majorité des clubs Portugais y sont contraints, du fait notamment de revenus TV quasi-inexistants, peut-on y voir le contre-coup de la rigueur financière que s'impose le club ?

Ainsi, Paços enregistre le départ d'un grand nombre de joueur, notamment le défenseur Antunes - qui avait enfin réussi à s'imposer dans son club - contre 1,25 M d'€, unique rentrée d'argent. Josue (FC Porto), Vitor (Sporting Portugal) ou Luiz Carlos (Braga) tous grands artisans de cette saison historique sont eux cédés à des concurrents directs, gratuitement. Dans le même temps, le secteur offensif qui n'était pas l'atout majeur de la formation lusitanienne, s'est vu amputé d'un élément de choix, Cicero, auteur de 9 buts en 2012-2013, et meilleur buteur du club (n'est pas Messi qui veut) prêté au club d'Astana (Kazakhstan). Difficilement compréhensible... D'autant que les recrues peinent d'ores et déjà à s'imposer. Parmi elles, l'ancien attaquant de Braga, Carlao (buteur face au Zénith), ou encore Bébé, l'éternel espoir Mancunien (2 buts cette saison).

Au pire, il est là question d'un manque d'ambition, au mieux, de paris ratés. Quand on ne sait pas vendre, il faut donc au moins savoir acheter !

Le chemin le plus court...

Peu de clubs ont su tenir la dragée haute aux 3 grands. Citons quand même Boavista, demi-finaliste de l'UEFA en 2003, ou, plus récemment Braga qui parvient à exister aussi bien en championnat que sur la scène européenne. Boavista est quant à lui retourner à l'échelon inférieur et peine à retrouver l'élite. 

Le chemin le plus court vers le purgatoire est donc encore la ligne droite, et Paços, qui coûle a pic en ce début de saison en prend la direction, malgré les belles promesses entrevues l'an dernier. La réaction est attendu, et il faudra revenir rapidement aux fondamentaux qui ont fait la réussite du club, une assise défensive solide - tel le castor et son barrage - s'ils ne veulent pas prendre l'eau. Verdict en fin de saison.



Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)

1 commentaire:

  1. Quelle plume ! Très bonne initiative que de nous faire découvrir des clubs dans l'ombre.
    Grand Merci à toi le Pronographe

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